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L’Europe à la traîne en IA : les grands acteurs tirent la sonnette d’alarme

Les spécialistes le savent depuis longtemps, mais les grands acteurs du secteur ont maintenant décidé de le dire haut et fort : les réglementations européennes risquent de freiner le développement de l’IA sur le vieux continent. Et les américains ne vont pas nous attendre…

Table des matières

Lettre ouverte à l'Europe

C’est le 20 septembre 2024 qu’ils ont fait entendre leur voix par le biais d’une lettre ouverte adressée aux institutions européennes : des directeurs, fondateurs et chercheurs de grandes entités s’alarment du retard que risque de prendre l’Europe en matière d’IA. Toutes les entreprises représentées ne sont pas forcément européennes, mais elles ont des activités en Europe. Parmi elles, et pour ne citer que les plus célèbres, on y retrouve Ericsson, EssilorLuxxotica, Meta, Pirelli, Prada, Publicis Groupe, SAP, Spotify ou encore Thyssen Krupp.

L’Europe est à un moment crucial pour le développement de l’IA, et ces sociétés ne veulent pas rater les nouvelles opportunités de ce domaines. Selon les signataires de cette lettre ouverte, le continent risque de perdre son avantage compétitif en raison d’une réglementation fragmentée et imprécise. Les chercheurs et entreprises alertent sur le fait que l’absence de régulation harmonisée pourrait priver l’Europe des innovations majeures comme les modèles multimodaux et open source. Cette situation pourrait limiter l’accès aux progrès technologiques et réduire les opportunités économiques, scientifiques et culturelles pour les citoyens européens.

Et dans les faits, on ne peut pas leur donner tort. Le RGPD, l’AI Act, et les Digital Markets Act (DMA) et Digital Services Act (DSA) sont des réglementations spécifiques à l’Europe qui ont déjà des conséquences : Apple ne déploiera pas Apple Intelligence en Europe en 2024 alors que c’est la grande nouveauté d’iOS 18 et de l’iPhone 16, les Voix Avancées qui permettent une interaction vocale plus naturelle et imitant des sentiments humains ne sont pas disponibles dans l’Union Européenne alors qu’elles ont été lancées dans le reste du monde fin septembre 2024, et Meta a dévoilé son nouveau modèle multimodal (texte, image, vidéo, audio) Llama 3.2 fin septembre 2024, mais ce dernier n’est pas disponible en Europe.

Meme illustrant l'Europe laissée de côté dans la course à l'IA

Meta mène la fronde

Derrière ces demandes, et probablement à l’initiative de cette lettre ouverte, on trouve surtout Meta, la maison mère de Facebook, Instagram ou WhatsApp, qui défend surtout ses propres intérêts. L’inquiétude principale de Meta réside dans la gestion des données. Les entreprises signataires peinent à savoir quelles données peuvent être exploitées pour entraîner leurs modèles d’IA, en raison des restrictions imposées par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Ce manque de clarté engendre des incertitudes qui freinent les projets de développement.

L’accès aux données est essentiel, car il détermine la qualité des modèles. Les IA doivent être nourries avec de vastes ensembles de données variées pour atteindre des performances optimales. Si l’Europe se coupe de cette matière première, elle risque de ralentir la création de technologies de pointe, comme les modèles multimodaux, capables de traiter plusieurs types de contenu. Cette pénurie de données pourrait donc condamner le vieux continent à rester en arrière. De plus, si les modèles utilisés en Europe ne sont entraînés qu’avec des données obtenues aux Etats-Unis, cela risque de créer des décalages qui rendront les outils IA bien moins pertinents en Europe. Or Meta aimerait bien entraîner son IA avec les innombrables contenus (photos ou vidéos accompagnées de textes) publiés par ses utilisateurs européens. Mais pour l’instant, la société de Mark Zuckerberg n’en a pas le droit !

En fin de compte, les entreprises européennes et les chercheurs s’inquiètent de voir leur marché reculer dans la course mondiale à l’IA. Sans un cadre clair et harmonisé, l’innovation pourrait migrer vers d’autres régions où la réglementation est moins contraignante. Pour éviter cela, il est urgent de revoir les règles afin de créer un écosystème compétitif et équilibré qui favorise le développement de nouvelles technologies tout en respectant les droits des citoyens.

Les données synthétiques : une solution temporaire ?

Face aux restrictions concernant l’utilisation des données réelles en Europe, certaines entreprises explorent l’alternative des données synthétiques. Il s’agit de contenus générés par des IA elles-mêmes, qui peuvent ensuite servir à entraîner d’autres modèles. Cette méthode permet de créer des ensembles massifs de données à faible coût, mais elle pose des défis en matière de qualité et de diversité. En effet, les données synthétiques tendent à manquer de diversité, ce qui limite clairement la capacité des modèles à générer des résultats plus riches et nuancés.

L’utilisation de données synthétiques peut fonctionner dans certains contextes, comme les mathématiques, où la qualité est plus facile à vérifier. En revanche, dans des domaines plus subjectifs, tels que la reconnaissance d’images, la vérification est beaucoup plus complexe. Et surtout, il existe un risque que les modèles se retrouvent enfermés dans des boucles où le contenu généré se standardise de plus en plus, ce qui nuit à leur capacité à capturer la diversité du monde réel. C’est le serpent qui se mord la queue : si les IA sont entraînées à partir de données déjà générées par des IA, c’est un peu comme le patrimoine génétique d’une population : il s’appauvrit et risque de poser des problèmes.

La concurrence ne vient pas que des USA

Aujourd’hui, quand on pense aux modèles d’intelligence artificielle, on pense forcément à ceux qui viennent des Etats-Unis. Or, comme le souligne Clément Delangue, fondateur français de la plateforme Hugging Face qui permet de publier du code IA en open source, la majorité des nouveaux modèles d’IA ouvertes vient désormais de Chine. Ce phénomène récent est assez inquiétant, car si les modèles chinois se répandent et servent de base au développement d’applications en Europe, certains biais culturels risquent de fausser les résultats. Voici un exemple concret de ce qui pourrait poser problème dans ce cas : imaginons que vous utilisez un modèle chinois pour développer une appli dédiée à l’histoire basée sur l’IA. Imaginons que vous questionnez cette appli sur les manifestations de la place Tian’anmen qui se sont déroulées d’avril à juin 1989. Étant donné que l’existence de ce mouvement social est censurée par le gouvernement chinois et qu’il n’en existe aucune trace sur leur équivalent de Google ou dans leurs livres d’histoire, la réponse que vous obtiendrez sera forcément biaisée et ne vous informera pas sur les probables milliers de morts qui ont conclu cet événement tragique. Cet exemple montre bien pourquoi il est important que toutes les zones du monde, y compris l’Europe, puissent développer leur propre IA souveraine.

 

Photo de la place Tian'anmen à Pekin
Si vous demandez à une IA chinoise de vous parler de la place Tian'anmen, elle vous répondra simplement qu'il s'agit de la 4e plus grande place au monde.

Quel avenir pour l'IA en Europe ?

Fin septembre 2024, la Commission Européenne annonçait que plus d’une centaine d’entreprises avaient signé l’AI Act. Parmi elles : Adobe, Google, IBM, HP, Qualcomm, Microsoft ou OpenAI. Mais deux grandes société manquent à l’appel : Apple et Meta. Ces deux sociétés, bien que non-européennes, mais membres des toutes puissantes GAFAM, veulent forcer l’Europe à revoir certains points de cet accord, pour permettre à l’IA de continuer à se développer en Europe.

Que contient l’IA Act ? Il s’agit d’un texte aux nombreuses ramifications et conséquences, mais parmi elles, on peut citer l’interdiction de l’utilisation de l’IA à des fins d’identification biométrique à distance en temps réel, à des fins de surveillance de masse ou de contrôle du comportement, ou encore à des fins de notations sociales (comme cela existe en Chine).

Les instances européennes n’ont bien évidemment pas envie de freiner le développement de l’IA. Leur but réside plutôt dans la protection des données personnelles des citoyens européens, et dans l’encadrement des usages qui seront faits de l’IA. Mais à l’heure actuelle, protection des données personnelles et entraînement des IA sont des sujets à la compatibilité limitée, et on ne sait pas encore qui sortira vainqueur de ce bras de fer. Il faudra néanmoins que ce conflit se résolve rapidement, car plus le temps passe, plus le retard de l’Europe en matière d’IA s’agrandit, et il sera bientôt impossible à rattraper. Or il devrait bien être possible de trouver un juste milieu pour que les citoyens soient protégés et pour que le développement de ces nouveaux outils puisse continuer sereinement.

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