La Banque De France a publié son bilan 2023 et ses révisions 2024 pour la région Grand Est à l’occasion d’une conférence dans les locaux de Quai Alpha. Faisons le point sur les grandes tendances et les points notables de ce rapport.
Table des matières
Chiffre d'affaires en hausse dans le Grand Est en 2023
L'inflation a joué un rôle
À l’échelle nationale, le PIB a connu une croissance de 0,9% en 2023. Cette croissance s’est également constatée dans le Grand Est en termes de chiffre d’affaires, que ce soit dans les secteurs de l’industrie (+1,2%), des services marchands (+1,8%) ou de la construction (+3,7%). Mais on sait que ces résultats sont essentiellement dus à la revalorisation des prix des produits et des prestations en raison du phénomène global d’inflation.
Ces chiffres d’affaires en hausse ne pourront vraisemblablement pas se poursuivre en 2024, car les hausses tarifaires ne seront plus suffisantes pour compenser les baisses de la demande, sauf dans le secteur des services marchands. Une autre raison de la baisse de ces chiffres d’affaires est liée à l’augmentation du coût de l’énergie en 2022. Suite à cette hausse, les investissements en équipements moins énergivores ont été conséquents en 2023, mais ils devraient se tasser en 2024.
L'intérim devrait ralentir en 2024
La hausse d’activité ressentie en 2023 a eu un impact positif sur l’emploi, mais il semble que cela se soit principalement traduit par une hausse des contrats intérimaires. Le tassement attendu en 2024 devrait donc avoir un impact sur le marché de l’intérim, voire du recrutement dans son ensemble.
Focus sur l'industrie dans le Grand Est
CA en hausse, mais volumes en baisse
Suivant la tendance générale de l’économie, les industries du Grand Est ont bénéficié de la revalorisation des prix des produits finis en 2023, ce qui a permis au secteur de voir son chiffre d’affaires progresser de 1,2%. Pourtant les volumes vendus ont globalement baissé, sauf dans les domaines de la fabrication d’éléments électriques et électroniques, ainsi que les matériels de transport.
Malgré les augmentations de prix qui devraient continuer en 2024, mais de façon moins prononcée, l’activité industrielle devrait connaître un ralentissement, sauf dans le domaine agroalimentaire qui prévoit une croissance de 2,3% (grâce à une forte revalorisation des prix de vente). Cela aura un impact négatif sur l’emploi, principalement intérimaire, et principalement dans le domaine de la fabrication de matériel de transport.
Conséquences sur l'export et les investissements
Si la demande nationale se réduit dans la plupart des domaines de la production industrielle du Grand Est (à part pour la production de plastique et de caoutchouc), c’est également le cas de la demande étrangère. Ainsi, les prévisions à l’export pour 2024 prévoient au mieux, une stagnation, voire un repli, surtout dans le domaine de l’industrie chimique.
Côté investissements, ils devraient également se réduire pour 2024. Les secteurs agricoles et alimentaires, ainsi que la fabrication d’équipements électriques et électroniques vont continuer sur leur lancée initiée en 2023, mais les autres secteurs vont fortement freiner leurs investissements en 2024. On considère tout de même que la part du chiffre d’affaires consacrée aux investissements représentera 3,86% en moyenne en 2024, soit un niveau global similaire à celui de 2023.
Dans l’ensemble, on s’attend tout de même à ce qu’un fabricant industriel sur deux, dans le secteur des autres produits industriels, maintienne ses performances, en 2024. La branche pharmaceutique ne devrait pas connaître une trop grande baisse de ses résultats, mais le secteur de la chimie prévoit une diminution notable.
Focus sur les services marchands dans le Grand Est
CA et emploi en hausse en 2023 et 2024
Grâce à la revalorisation des tarifs des prestations, la région Grand Est a enregistré une croissance plus ou moins modérée du chiffre d’affaires, dans les secteurs des services marchands, de l’hébergement et de la restauration, des activités spécialisées (scientifiques, techniques, services administratifs et soutien), et surtout de l’information et de la communication. Seuls les domaines des transports et de l’entreposage ont connu un recul de leur CA en 2023. Cette croissance devrait continuer en 2024 (y compris pour les transports et l’entreposage qui vont ressortir la tête de l’eau), surtout pour le domaine de l’information et de la communication qui devrait encore une fois être le secteur le plus porteur.
Côté emploi, les effectifs ont augmenté dans tous les secteurs en 2023, aussi bien grâce à l’intérim qu’aux CDI. Les embauches devraient continuer en 2024, principalement dans les domaines de l’hébergement et restauration, ainsi que dans l’information et la communication qui devrait connaître la plus forte croissance.
Les investissements devraient fléchir en 2024
Niveau rentabilité, seul un quart des prestataires de la région Grand Est ont réalisé une progression de leurs performances. On estime que ces chiffres devraient globalement se maintenir en 2024, sauf pour le transport – entreposage qui prévoit une baisse, et pour les restaurateurs hôteliers qui prévoient une augmentation des profits par le biais d’une hausse de leurs tarifs.
Les investissements ont globalement augmenté en 2023, mais c’était essentiellement dû à 2 branches : transport et entreposage, et activités spécialisées. Ces secteurs ont surtout procédé à un remplacement de leur matériel et de leur flotte de camions. Ces investissements devraient toutefois connaître un repli en 2024 car les nouvelles acquisitions seront moins à l’ordre du jour. Seuls les secteurs de l’hébergement et restauration, ainsi que l’information et communication devraient légèrement augmenter leurs investissements en 2024.
Focus sur le BTP dans le Grand Est
Des résultats 2023 boostés par l'inflation
Comme les autres secteurs, le Bâtiment – Travaux Publics a bénéficié de la hausse des prix (ainsi que d’une légère hausse de la demande) pour afficher des résultats en hausse. Les prévisions pour 2024 vont plutôt vers une stagnation des mises en chantier, voire vers une baisse sensible du côté du gros œuvre, tandis que le second œuvre augmenterait très légèrement dans un marché affecté par un manque de progression des constructions neuves.
L’emploi dans le BTP a bénéficié de l’activité de 2023, mais les employeurs ont toujours beaucoup de mal à trouver et à fidéliser leurs candidats. Ils ont donc fait appel à du travail intérimaire. Les emplois stables seraient maintenus en 2024, mais le recours à l’intérim va diminuer à cause du manque de visibilité du secteur concernant l’avenir.
La rentabilité reste stable
Les trois quarts des entreprises du bâtiment arrivent à maintenir leur rentabilité en 2023, à l’exception des travaux publics qui ont du mal à répercuter l’augmentation des prix des matières premières sur leur clientèle. La plupart des acteurs du secteur pensent que leur rentabilité restera stable en 2024, sauf les travaux publics qui espèrent pouvoir enfin rétablir leurs marges en 2024 après avoir connu des difficultés dans ce domaine en 2023.
Les investissements ont augmenté en 2023 dans quasiment tous les secteurs, à l’exception des travaux publics. Cela était principalement dû à des projets initiés en 2022 mais réalisés en 2023. En 2024, le nombre de commandes devrait se maintenir dans l’ensemble, même si les acteurs du secteur du gros œuvre sont 37% à penser que leur carnet de commandes va diminuer en 2024, notamment à cause du ralentissement dans le domaine des constructions neuves.
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