Créée en 2015, la société Dronavia s’avère de plus en plus incontournable en France et en Europe dans le domaine des systèmes de sécurisation des drones rendus obligatoires par l’EASA (Agence Européenne de la Sécurité Aérienne) en 2024. Rencontre avec Ludovic Pelletey, CEO de Dronavia dans les locaux de Remiremont dans les Vosges.
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En 2015, Dronavia se lance en tant que fabricant de drones
Mais la réalité du marché change la donne
Au début de l’aventure Dronavia à Nancy, il y a l’envie de concevoir et de commercialiser des drones destinés aux professionnels. À cette époque, le marché du drone est en plein boom, et le chiffre d’affaire du drone civil progresse chaque année de 20% à 30% depuis 2012, essentiellement dans les domaines de l’agriculture, des forêts, de l’inspection thermique ou visuelle des zones à risque des lieux de production énergétique, du BTP, du journalisme, de la protection civile, des médias sportifs, de la modélisation 3D pour les bâtiments, les mines et les carrières, ou encore de l’observation des réseaux (voies ferrées, lignes électriques, pipelines, gazoducs) ou de la surveillance de sites industriels.
Sauf qu’au même moment, le célèbre constructeur chinois DJI (Da Jiang Innovation) lance une machine concurrente sur le marché français. Le drone de DJI est 2 fois plus performant (en termes de temps de vol) et coûte 2 fois moins cher. Les fondateurs de Dronavia comprennent rapidement que la partie est perdue en ce qui concerne la commercialisation de drones complets, mais ils réalisent qu’il manque 2 éléments de sécurité essentiels aux drones chinois, ce qui les empêche d’obtenir des autorisations de vol en France. Car la France est l’un des premiers pays dans le monde à avoir imposé des systèmes de sécurité stricts pour les drones, et ces directives ont été globalement reprises dans les réglementations européennes entrées en vigueur début 2024. Pour pouvoir voler en France, un drone professionnel doit disposer d’un parachute de secours afin de survoler les zones urbaines, ainsi que d’un système de coupure des moteurs lorsque le drone est piloté hors vue, c’est-à-dire lorsque le pilote n’a pas de contact visuel direct avec son drone. Dronavia, qui a déjà développé ces systèmes pour ses propres drones, décide alors de devenir accessoiriste pour la marque DJI (et d’autres marques). Il est évidemment important de se concentrer sur la compatibilité avec les drones DJI car ils représentent à eux seuls 70 à 80% des drones vendus en Europe et dans le monde. Cela permet à l’époque à DJI de faire certifier ses machines en France, et cela reste valable aujourd’hui dans toute l’Europe car en 2024, il n’existe que 5 ou 6 fabricants dans le monde pour ces dispositifs de sécurité obligatoires. Les représentants de DJI viennent d’ailleurs régulièrement rendre visite à Dronavia à Remiremont pour discuter de la mise en conformité de leurs nouveaux modèles.
Les systèmes de sécurisation de drones sont nécessaires
Au delà des réglementations, les parachutes de secours et les coupe-circuits pour drones professionnels sont des accessoires qui ont largement démontré leur utilité, voire leur nécessité. Par exemple, le parachute de la gamme Kronos se déclenche en moins de 0,27 seconde, alors qu’un déclenchement manuel effectué par le pilote prendrait facilement 3 secondes. Or en 3 secondes, un drone peut atteindre une vitesse de chute de 150 km/h. Les parachutes Dronavia, qui disposent de leur propre alimentation indépendante, ont la spécificité de se déployer par le biais d’une cartouche de CO2. Ainsi, le parachute s’ouvre très rapidement, et la chute est immédiatement freinée.
Pour illustrer l’utilité d’un système coupe-circuit sur les drones utilisés a delà du champ de vision du pilote, Ludovic Pelletey raconte la mésaventure d’un drone belge de grande taille (3,8 mètres d’envergure) qui a perdu la connexion avec son pilote en 2016. Après avoir décollé de la commune de Weelde près de Turnhout, le drone déconnecté a pris la direction de la région de Bruxelles à une vitesse située entre 150 et 160 km/h à plus de 1000 mètres d’altitude. Il a rapidement été escorté par deux chasseurs F-16 de l’armée de l’air belge, puis a dépassé la région bruxelloise pour continuer son vol vers la frontière française. Une fois dans l’espace aérien français, l’escorte belge a laissé place à une surveillance française effectuée par un hélicoptère ainsi qu’un chasseur Rafale. Après avoir parcouru plus de 200 km, ce drone s’est écrasé dans un champ situé sur la commune de Dizy-le-gros, à une cinquantaine de kilomètres de Reims. Il s’agit d’un cas extrême, concernant un drone à grande autonomie de vol, mais il illustre bien le besoin de couper les moteurs d’un drone lorsque l’engin devient hors de contrôle.
Les produits Dronavia disposent de toutes les certifications nécessaires pour être en conformité avec les directives européennes entrées en vigueur en 2024. Les systèmes développés par Dronavia font tout pour ne pas pénaliser les utilisateurs. Ils sont légers et miniaturisés pour affecter le moins possible les performances de vol des drones, et ils peuvent être installés facilement et en une poignée de minutes pour ne pas avoir d’impact trop important sur le temps d’utilisation effectif du drone.
Les systèmes Dronavia respectent 3 consignes très importantes qui figurent dans les textes législatifs, puisqu’ils font le maximum pour se montrer prévisibles, fiables et indépendants.
Ludovic Pelletey présente la gamme d’accessoires Kronos qui met les drones en conformité avec les réglementations européennes instaurées en 2024
Les systèmes Dronavia sont assemblés en France
À Remiremont dans les Vosges depuis 2018
Dronavia dispose de son propre atelier à Remiremont, et tous les systèmes commercialisés par l’entreprise y sont assemblés par une équipe d’experts minutieux et attentifs à chaque détail. Les pièces en plastique sont même fabriquées sur place à l’aide d’imprimantes 3D professionnelles. Deux types d’imprimantes 3D sont utilisés sur place : des machines classiques à dépôt de fil fondu (FDM), ainsi que des appareils à frittage sélectif par laser (SLS) qui sont très répandues dans l’industrie. Cette technologie au laser permet en effet de fabriquer facilement des pièces à géométrie complexe, tout en garantissant une solidité comparable à celle des pièces moulées par injection. Et un logiciel spécifique permet d’optimiser la fabrication afin de réduire au minimum les chutes de matière première, sachant qu’une partie d’entre elles sont réutilisables.
La localisation de Remiremont s’avère pratique pour un rayonnement à l’international, puisque les locaux de Dronavia sont situés à 200m de la gare TGV, ce qui permet une liaison très rapide avec Paris, et à un peu plus d’1h30 de route de l’aéroport international de Bâle – Mulhouse. De cette manière, les représentants des plus grandes marques de drones peuvent facilement visiter les locaux de Dronavia pour discuter de la mise en conformité de leurs produits sur le territoire européen. Sans parler de la proximité avec la « drone valley » suisse qui s’articule entre les écoles polytechniques fédérales de Lausanne et Zurich.
Le futur de Dronavia
Avec l’entrée en vigueur des réglementations européennes de 2024, Dronavia prévoit une forte croissance de son activité qui se traduit par la recherche de techniciens d’assemblage afin de répondre à la demande. Dans ce but, une levée de fonds a été effectuée par le biais du fonds I-NEO de la CCI des Vosges ainsi que du Groupe ILP basé à Metz.
Les revendeurs de toute l’Europe peuvent donc compter sur Dronavia afin de proposer à leurs clients des accessoires fiables et certifiés qui leur permettront de se mettre facilement en conformité avec les réglementations en vigueur.
Vous avez une idée innovante, mais vous ne savez pas par où commencer ? Bien sûr, il n’y a pas de recette miracle, mais le chemin que vous vous apprêtez à prendre est semé d’embûches. Il faut simplement vous dire que d’autres ont ouvert la voie avant vous, et qu’il y a des enseignements à en tirer.