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Faut-il craindre les jeux vidéo en 3D trop photoréalistes ?

Maintenant que les premiers jeux vidéo véritablement photoréalistes sont sur le point de faire leur apparition, ils suscitent des réactions diverses, oscillant entre émerveillement et inquiétude. On tente dans cet article de comprendre pourquoi.

Le photoréalisme est un vieux rêve de gamer

L’envie de jouer à des jeux vidéo photoréalistes (c’est-à-dire aux graphismes quasiment indiscernables d’une véritable vidéo) ne date pas d’hier. Depuis les années 70, on peut même dire que chaque grande étape dans l’évolution des graphismes de jeux vidéo a été perçue comme un pas supplémentaire vers le photoréalisme qui a toujours représenté une sorte de graal vidéoludique. Dès les années 80, les premières expérimentations ont été réalisées par le biais de bornes d’arcades FMV (Full Motion Vidéo). Ces jeux incluaient des séquences filmées au préalable et incluses dans la narration grâce à l’utilisation de supports numériques tels que les LaserDiscs. Lorsque les premières consoles de salon utilisant le support CD sont apparues dans les années 90 (CD-i, 3DO, Mega CD), les FMV ont connu leur heure de gloire avec des jeux tels que Night Trap, The 7th Guest ou Phantasmagoria.

Gif animé du jeu Night Trap montrant deux intrus pris au piège par un mécanisme au niveau du sol.
Le (mauvais) jeu Night Trap en FMV est sorti en 1992 sur Sega Mega CD. Il permettait au joueur de déclencher des pièges dans une maison où des vampires menaçaient un groupe de jeunes filles.

Malheureusement les FMV n’offraient qu’un gameplay extrêmement limité, avec un nombre réduit de possibilités pour les joueurs qui ne faisaient que déclencher des vidéos préenregistrées. L’ennui finissait par s’installer rapidement, et ces jeux ont disparu aussi vite qu’ils sont apparus car de véritables graphismes en 3D ont commencé à se développer au milieu des années 90, ce qui autorisait beaucoup plus de possibilités de gameplay. L’inclusion de vidéos préenregistrées dans les jeux vidéo ne s’est toutefois pas arrêtée là, mais elle s’est rapidement limitée aux cinématiques (comme dans les célèbres Wing Commander III et IV) qui permettaient de faire avancer l’histoire avec une narration quasi cinématographique. 

À la même époque, une autre innovation vidéoludique a rapproché les joueurs d’un rendu photoréaliste : le fait de filmer de véritables acteurs sur fond vert pour ensuite les numériser et les inclure dans les décors dessinés pour le jeu. Les premiers Mortal Kombat sont les représentants les plus célèbres de cette technique, mais d’autres titres tels que Lethal Enforcers ou Revolution X se sont également fait remarquer (en arcade en tout cas, car leurs portages sur consoles de salon étaient calamiteux).

Gif animé de Mortal Kombat montrant Scorpion face à Sub-Zero
En 1992, les personnages filmés de Mortal Kombat étaient révolutionnaires par rapport à l'aspect cartoonesque de leurs concurrents de Street Fighter II

Notez que les jeux Night Trap et Mortal Kombat (et Doom sur PC) ont fortement contribué à la naissance de l’Entertainment Software Rating Board en 1994. L’ESRB est l’équivalent nord-américain du système d’évaluation européen PEGI (Pan European Game Information, mis en place en 2003) qui évalue le contenu et définit le public cible des jeux vidéo mis sur le marché.

Comparatif des principaux systèmes d'évaluation des jeux vidéo aux Etats-Unis, en Europe, en Russie, en Australie et en Allemagne.

Peut-on en déduire que la violence des jeux vidéo n’inquiétait pas grand monde tant qu’elle n’était pas photoréaliste ? C’est une piste intéressante pour notre questionnement.

Les jeux en 3D ont mis du temps à réaliser la promesse du photoréalisme

La démocratisation des jeux vidéo en 3D calculée en temps réel durant les années 90 a exacerbé la demande de jeux photoréalistes, mais cette promesse a mis énormément de temps à se concrétiser, le temps que les développeurs s’approprient cette nouvelle technologie. Une fois que les professionnels du secteur ont été plus aguerris, un autre obstacle s’est dressé : celui de la puissance des machines.

Comme indiqué en début d’article, chaque grande étape de l’évolution des graphismes de jeux vidéo a été perçue comme un pas supplémentaire menant les joueurs vers toujours plus de réalisme visuel, surtout quand l’écart avec les jeux de la génération précédente était particulièrement notable. Par exemple, lorsque le premier Gran Turismo a vu le jour en 1997 sur PlayStation, il était considéré comme le premier jeu vidéo de course automobile avec des graphismes photoréalistes :

Depuis les années 90, les jeux vidéo sur PC ont toujours eu un temps d’avance en termes de graphismes par rapport aux consoles, grâce aux capacités d’évolution beaucoup plus rapides et régulières de ces machines. En 2007 par exemple, le jeu de tir à la première personne Crysis était considéré comme le jeu le plus photoréaliste qu’on ait jamais vu (à condition de le faire tourner sur un PC gonflé à bloc) :

Aujourd'hui, les jeux photoréalistes sont enfin à portée de main

30 à 40 ans après les premiers balbutiements du genre, la promesse semble enfin sur le point de se concrétiser en 2023. Et le marché du jeu vidéo a énormément changé dans l’intervalle. La puissance des machines a explosé, aussi bien du côté des PC que des consoles de salon, et elles permettent désormais de faire tourner facilement des jeux en très haute résolution avec un nombre d’images par seconde très élevé (à condition d’arriver à mettre la main sur les cartes graphiques qui sont très prisées par les mineurs de cryptomonnaies). L’âge moyen des joueurs français est estimé fin 2022 à 38 ans (53% sont des hommes de 38 ans d’âge moyen, et 47% sont des femmes de 39 ans d’âge moyen). Mais surtout, le marché du jeu vidéo est devenu un énorme pilier économique mondial. En effet, les loisirs vidéoludiques représentent désormais le plus gros chiffre d’affaires global en termes de divertissement. Malgré une baisse de 4,3% par rapport à 2021, ils représentent à eux seuls 5 fois les revenus du box-office hollywoodien et pèsent plus de 184 milliards de dollars à l’échelle mondiale.

Quand soudain, le 19 avril 2023, un aperçu inattendu du futur apparaît sans prévenir sur le web avec ce gameplay du FPS (first person shooter) Unrecord développé par le studio français Drama :

Le buzz est immédiat ! Sur Twitter, la vidéo est vue plus de 21 millions de fois et les débats éclatent immédiatement : un tel niveau de réalisme est impossible et la vidéo est forcément un fake (c’est-à-dire une vidéo en prises de vues réelles tournées à la manière d’un jeu vidéo). Les débats prennent de l’ampleur et le créateur d’Unrecord prend rapidement la parole pour défendre la réalité de l’existence de son jeu :

Exemple d'intégration de Tweet dans WordPress

Comment est-ce possible ? Pour faire simple, il s’agit d’un savant mélange de textures très bien choisies pour les surfaces, de mouvements relativement réalistes en ce qui concerne les personnages, d’une perspective convaincante et surtout d’un éclairage très réussi qui donne un aspect ultra réaliste à l’ensemble. Si la lumière de ces scènes n’était pas si proche du rendu de la lumière du soleil, tout le monde se serait rendu compte que les décors sont un peu trop figés pour être vrais. Le moteur graphique du jeu est l’Unreal Engine 5, et sachant cela, on aurait pu facilement se douter qu’une telle prouesse était possible, car c’est également avec ce moteur que des décors ultra réalistes ont été réalisés pour la série Star Wars – The Mandalorian ou pour le film The Batman grâce au mur de LED baptisé Stagecraft développé par la société d’effets spéciaux Industrial Light And Magic.

On n'en est encore qu'au début des jeux en 3D photoréaliste

Un mois avant Unrecord, c’était un jeu vidéo horrifique qui faisait (un peu moins) le buzz, lorsque cette bande-annonce de Paranormal Tales a été dévoilée :

Si l’effet photoréaliste de Paranormal Tales est un peu moins réussi que celui d’Unrecord, il reste toutefois saisissant et ces deux jeux ne sont qu’un aperçu de l’avenir du secteur. Les capacités photoréalistes des moteurs graphiques ne font plus aucun doute aujourd’hui, notamment depuis l’apparition de la première démo vraiment saisissante du genre à l’été 2022, lorsque tout le monde a découvert la vidéo d’une gare japonaise modélisée en 3D de façon ultra-réaliste grâce à l’Unreal Engine 5.

On a peur des jeux photoréalistes car notre cerveau tente de nous protéger du danger

On peut certainement expliquer la gêne ressentie à la vision des jeux photoréalistes en faisant un parallèle avec le phénomène désigné en français sous l’expression « la vallée de l’étrange ». Cette théorie appelée « uncanny valley » en anglais a été publiée en 1970 par le roboticien japonais Masahiro Mori qui expliquait que plus un androïde tend à se rapprocher d’une apparence parfaitement humaine, plus les petits défauts de son apparence vont nous paraître monstrueux. Mais on peut appliquer ce phénomène bien au delà de la robotique. Prenons par exemple le personnage bien connu d’Homer Simpson qui a été créé en 1987 par Matt Groening. Tant qu’il est dessiné avec des traits simplistes et caricaturaux, son crâne difforme, son énorme bouche et ses yeux globuleux ne nous choquent pas. Le personnage nous apparaît même plutôt sympathique. En revanche, si on applique des textures réalistes à ces mêmes proportions du visage, le personnage semble sortir tout droit d’un cauchemar, comme l’avait prouvé l’artiste Miguel Vasquez avec ses créations en 3D photoréalistes en 2008.

Photo de la tête d'Homer Simpson avec des textures réalistes, ce qui le rend particulièrement monstrueux.

En résumé : plus une image est réaliste, plus notre cerveau va avoir tendance à l’interpréter comme étant la réalité. Et si ces œuvres photoréalistes contiennent des monstruosités ou des actes de violence, notre cerveau active ses mécanismes de défense et initie des réactions de rejet afin de nous protéger du danger. Si la réaction est aussi forte à la vue d’une simple image, il est logique que le réflexe soit encore plus important lorsqu’il s’agit d’une vidéo. Et la réaction est encore plus exacerbée lorsqu’on prend le contrôle de cette vidéo par le biais d’un jeu vidéo. Je vous laisse imaginer ce que cela va donner quand ce niveau de graphismes sera possible en réalité virtuelle.

Quoi qu'il arrive, les jeux en 3D photoréalistes représentent le futur

Voilà donc pourquoi des jeux comme Night Trap ou le premier Mortal Kombat, qui nous paraissent aujourd’hui bien inoffensifs, ont déclenché en leur temps la création de la signalétique des jeux vidéo : plus une violence paraît réelle, plus elle nous touche. Et il est évident que cet affect va encore se manifester avec les futurs jeux en 3D photoréaliste. Il y a donc un marché naissant (et appelé à grandir) pour ces jeux photoréalistes, et il serait dommage de passer à côté pour les studios de développement suffisamment talentueux pour produire des programmes de qualité. Le kit de développement Unreal Engine 5 est disponible gratuitement, à condition de posséder une machine assez puissante pour le faire tourner. Une redevance payante ne devient applicable que lorsque le jeu qui a été développé à l’aide de ce kit dépasse le million de dollars de revenus. Précisons que l’Unreal Engine n’est pas le seul moteur graphique ayant des capacités photoréalistes sur le marché, car la concurrence existe du côté des moteurs Unity et CryEngine. Mais l’Unreal Engine 5 qui appartient à Epic Games reste celui dont on entend le plus parler, et le fait que les kits de développement soient accessibles à tous est une stratégie gagnante qui va permettre à n’importe quel studio de talent de se lancer sur ce marché qui s’annonce très excitant (car tous les jeux en 3D photoréalistes ne seront pas des jeux violents ou horrifiques). Epic Games communique d’ailleurs très régulièrement sur les avancées de son moteur :

C’est donc dès aujourd’hui que se joue le futur du marché du jeu vidéo, avec des studios de développement tout autour du monde qui sont en capacité de développer les jeux qui vont capter l’attention et l’imaginaire des joueurs. Si vous avez l’envie de vous lancer pour faire bouger les lignes de ce marché, et le talent qui va avec, faites vous incuber par Quai Alpha !

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