iPhone : la fin du privilège européen en approche
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iPhone : la fin du privilège européen en approche

La situation est inédite dans l’histoire d’Apple. Jusqu’ici les appareils du fabricants disposaient des mêmes fonctions dans le monde entier, mais en raison des réglementations en vigueur en Europe, cette uniformité appartient au passé, et les différences vont encore croître avec la sortie de l’iPhone 16 et des fonctionnalités IA d’iOS 18.

Table des matières

Les américains sont jaloux de l'iPhone européen

Apple est obligé de briser l'une de ses plus anciennes règles

Le DMA (Digital Markets Act) est progressivement entré en vigueur en Europe en mai 2023, et il est pleinement applicable depuis le 6 mars 2024. Le but de cette législation est de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des grands acteurs du numérique, à savoir les célèbres GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et Bytedance (la maison mère de TikTok), afin de limiter les risques d’abus de position dominante des plus gros moteurs de recherche, réseaux sociaux, navigateurs, services de messagerie et de cloud, systèmes d’exploitation, et autres assistants virtuels. Ne sont concernées que les entreprises réalisant des chiffres d’affaires records (+ de 7,5 milliards € en Europe ces 3 dernières années) ou ayant d’énormes capitalisations boursières (+ de 75 milliards € durant la dernière année). Le nombre d’utilisateurs de leurs produits ou services entre également en ligne de compte (+ de 45 millions d’utilisateurs par mois en Europe). C’est d’ailleurs pour cette raison que les ordinateurs Macintosh (moins répandus en Europe que les iPhones) ne sont pas concernés par le DMA.

Apple sait qu’elle est dans le colimateur du DMA, donc la célèbre société californienne n’a pas trop attendu pour mettre en place des fonctionnalités très attendues par les utilisateurs d’iPhones. La première décision majeure a été la possibilité d’installer sur son iPhone des applications qui ne proviennent pas de l’App Store officiel d’Apple (une pratique qu’on nomme le « sideloading »). Il est en effet possible depuis avril 2024 d’installer et d’utiliser des applications qui ne sont pas passées par les vérifications habituelles du constructeur, et qui peuvent potentiellement ne pas respecter les standards habituels de qualité de la marque. C’est d’ailleurs sur ce dernier point qu’insiste largement la firme à la pomme pour dissuader les utilisateurs de passer par des App Stores alternatifs : Apple ne garantit pas la sécurité et le bon fonctionnement de ces applications non-officielles, et ne propose aucune assistance sur ce sujet.

 

Capture d'écran du site web de l'Altstore, le premier App Store alternatif de l'iPhone sorti en avril 2024
Capture d'écran du site web de l'Altstore, le premier App Store alternatif de l'iPhone sorti en avril 2024

Il est donc désormais possible pour les utilisateurs européens de l’iPhone d’installer des applications ou des App Stores alternatifs en passant directement par le navigateur web de l’appareil. Cette fonctionnalité ne fait évidemment pas du tout plaisir à Apple qui a toujours mis un point d’honneur à ce ses systèmes d’exploitation soient les plus fermés possibles pour éviter tout risque d’incompatibilité ou d’expérience utilisateur dégradée. Cette politique n’est pas exclusive aux appareils mobiles d’Apple puisqu’elle date en réalité des années 80 et du lancement des premiers ordinateurs Macintosh. C’était une volonté de Steve Jobs : il voulait avoir la main à la fois sur le matériel (hardware) et sur les logiciels (software) pour s’assurer d’une compatibilité maximale afin que l’expérience des utilisateurs soit toujours optimale. À la même époque, Microsoft avait opté pour une politique diamétralement opposée en se concentrant uniquement sur le software et en laissant à d’autres fabricants la charge de construire les PC pour faire tourner les logiciels et systèmes conçus par les équipes de Bill Gates.

Commercialement, on peut considérer que c’est Microsoft qui a gagné cette bataille puisque les PC sont devenus le standard mondial de ce qu’on appelait à l’époque la micro-informatique à domicile et au travail, tandis que les Macs ont longtemps été (et sont parfois encore) vus comme des machines trop fermées avec lesquelles il est impossible (ou plutôt très difficile) de bidouiller. Il y a tout de même un domaine qui est le grand perdant de cette victoire du PC, c’est celui de la sécurité informatique. Les virus et failles de sécurité (sans parler des bugs) sont en effet omniprésents sur PC depuis la popularisation d’internet dans les années 90, là où les Macs sont historiquement relativement épargnés par ces problèmes. Est-ce parce que les systèmes d’exploitation d’Apple sont mieux sécurisés, ou est-ce parce que les hackers ont logiquement choisi de se concentrer sur les systèmes les plus utilisés dans le monde pour toucher davantage de cibles ? La question n’a pas fini de faire débat auprès des passionnés.

Apple doit faire une croix sur une partie de ses revenus à cause de la réglementation européenne

Cette différence de philosophie (et d’ouverture) entre les Macs et les PC se retrouve aujourd’hui dans le monde de la téléphonie mobile avec l’opposition entre les systèmes Android de Google, qui équipent quasiment tous les téléphones fabriqués par d’autres marques qu’Apple, et les systèmes iOS qui équipent les iPhones. C’est donc un changement majeur pour Apple que de perdre le contrôle des applications qui peuvent désormais être installées sur leurs appareils mobiles. Car cela les oblige également à faire une croix sur les commissions (15% ou 30% selon les cas) qu’ils touchent sur chaque transaction financière qui passe par une application installée sur un iPhone. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains abonnements coûtent plus cher sur un iPhone ou un iPad. Par exemple, l’abonnement mensuel à YouTube Premium coûte 16,99 € s’il est pris depuis un iPhone ou iPad, mais seulement 12,99 € si le paiement est effectué depuis n’importe quel autre appareil, pour exactement le même le même service qui pourra tout à fait être utilisé sur un iPhone ou un iPad).

Certaines sociétés comme Spotify ou Epic Games sont d’ailleurs en croisade contre les commissions d’Apple depuis plusieurs années. C’est par exemple pour cette raison qu’il n’est pas possibile de souscrire à un abonnement Spotify Premium depuis l’application Spotify sur iPhone. Il faut s’abonner en passant par un autre appareil (ou en passant simplement par le navigateur web de l’iPhone plutôt que par l’application Spotify), pour pouvoir ensuite profiter de Spotify Premium sur l’appli Spotify.

La société Epic Games, distributrice du célèbre jeu à grand succès Fortnite, est d’ailleurs devenue le fer de lance de la lutte contre les commissions d’Apple depuis quelques années. Epic Games avait tenté en 2020 de contourner les commissions d’Apple au sein de la version mobile de son jeu Fortnite en mettant en place un système de paiement alternatif et non-approuvé par Apple et Google (qui pratique les mêmes commisions de 30% sur Android). La réponse de la firme de Cupertino a été cinglante : Fortnite a été banni de l’iPhone du jour au lendemain (banni uniquement pour les nouveaux utilisateurs, car ceux qui l’avaient déjà ont pu continuer à l’utiliser). Mais Epic Games savait très bien ce qui allait se passer, et a en réalité profité de ce bannissement pour attaquer Apple en justice en l’accusant de profiter de sa position dominante pour ponctionner une commission de 30% jugée « tyrannique » par le développeur de jeux vidéo. La vidéo ci-dessus montre comment Epic Games a ironisé sur la situation en parodiant la célèbre publicité 1984 (réalisée par Ridley Scott) d’Apple qui se battait à l’époque contre l’hégémonie d’IBM dans le domaine de la micro-informatique.

Après 4 ans de batailles juridiques, une issue se profile enfin pour Epic Games et le retour de Fortnite sur iPhone grâce à la mise en oeuvre du DMA en Europe. Car si plusieurs App Stores alternatifs sont désormais disponibles sur iOS en Europe, leur usage reste nettement minoritaire en l’absence d’une application très demandée (une « killer app ») qui serait impossible à télécharger depuis l’App Store officiel mais qui serait disponible sur un autre App Store. Or le jeu Fortnite a le potentiel d’être cette killer app qu’il est pourtant impossible de se procurer par l’App Store d’Apple. Pour rappel, Fortnite est un jeu ultra populaire qui a rassemblé plus de 222 millions de joueurs actifs durant le mois d’août 2024. À tout moment de la journée, ce sont entre 1 et 3,5 millions de joueurs qui sont en train de jouer à Fortnite, toutes plateformes confondues. Le retour de Fortnite est donc très attendu sur mobile, et il va enfin devenir possible en Europe grâce au prochain lancement de l’App Store alternatif d’Epic Games. Précisons qu’il est déjà possible de rejour à Fortnite sur iPhone depuis quelques temps en passant soit par des services de cloud gaming comme Amazon Luna, GeForce Now ou Xbox XCloud, soit en l’installant depuis un navigateur en passant par le site web d’Epic Games depuis le 16 août 2024. Mais l’arrivée de l’App Store d’Epic Games va certainement redonner beaucoup plus de visibilité à Fortnite sur iPhone, d’autant plus que le développeur qui est connu pour offrir régulièrement des gros jeux gratuits va taper fort pour concurrencer Apple. Epic Games a en effet annoncé que sur son App Store, les commissions ne seront que de 12%, ce qui risque d’attirer de nombreux développeurs au détriment de l’App Store d’Apple, et ce qui pourrait faire de l’App Store d’Epic Games le nouvel eldorado du jeu-vidéo sur iOS, mais uniquement en Europe (même si Apple a fini par baisser certaines de ses commissions dans quelques cas précis). 

L'arrivée de l'IA sur iPhone creuse le fossé...

mais cette fois ce au détriment des utilisateurs européens

  • Apple est donc obligée de lâcher du lest sur certains points depuis l’entrée en vigueur du DMA. Une autre conséquence peut se trouver dans le fait que les navigateurs web présents sur iPhone vont enfin pouvoir utiliser leur propre moteur au lieu de celui de Safari qui était jusque là obligatoire. Dans le futur, les utilisateurs d’iPhone vont également pouvoir changer les applications utilisées par défaut pour téléphoner, pour envoyer et recevoir des SMS, ou pour gérer se mots de passe. Il sera même possible de supprimer certaines applications officielles d’Apple comme l’App Store, Messages, Safari ou encore l’Appareil Photo et l’appli Photos pour utiliser n’importe quelle autre appli à la place. On s’éloigne donc de plus en plus de l’uniformité qui a toujours été au coeur des préoccupations d’Apple pour ses appareils. La firme de Cupertino doit donc trouver d’autres moyens de se démarquer de la concurrence, et vu l’engouement actuel pour l’IA, c’est forcément de ce côté-là que des nouveautés vont arriver sur iPhone.

    Apple Intelligence, c’est le nom des fonctions IA qui seront présentes sur l’iPhone 16 présenté à la mi-septembre 2024. Le système d’exploitation iOS 18 introduit ces nouvelles possibilités boostées à l’IA :
    Un éditeur de texte intelligent qui permet de reformuler avec un ton différent, de résumer, de corriger les fautes d’orthographe et de grammaire, ou encore de générer un sommaire automatique
    Une gomme magique qui permet de modifier facilement vos photos, en effaçant un élément gênant dans un décor par exemple
    Des vidéos souvenirs générées par IA à partir d’un ensemble de photos présélectionnées
    Un Siri beaucoup plus intelligent et qui apprend de vos habitudes et tient compte de ce qui se passe sur l’écran de l’iPhone
    L’intégration de ChatGPT avec Siri, ce qui permet un accès plus direct à l’IA d’OpenAI pour créer des textes mais aussi analyser des photos ou des PDF
    La création de Genmojis, à savoir des emojis personnalisés selon vos demandes
    Un générateur d’images (uniquement dans un style animé car Apple ne veut pas que vous puissiez créer des images trop réalistes)
    Des notifications prioritaires avec des résumés de notifications
    Des mails plus intelligents classés automatiquement par catégories (uniquement dans l’appli Mail d’Apple)
    Un clavier qui suggère des phrases entières pour répondre plus rapidement aux messages
    Un dictaphone qui permet de retranscrire à l’écrit le contenu d’un enregistrement audio
    La possibilité d’enregistrer les appels audio

Présentation d'Apple Intelligence

Les fonctions IA de l'iPhone ne sont pas pour tout le monde

Toutes les fonctionnalités Apple Intelligence ne sont pas disponibles dès la sortie d’iOS 18 et de l’iPhone 16. Certaines seront déployées plus tard, à la fin 2024, tandis que d’autres devront attendre 2025. Techniquement parlant, les anciens modèles d’iPhones n’ont pas tous accès à Apple Intelligence non plus, car seuls les iPhones 15 Pro ont accès aux mêmes fonctions que les iPhones 16. Les iPhones 15 (pourtant très récents) sont plus limités, sans parler des générations d’appareils précédentes. Mais le coeur du débat, ce ne sont pas les limitations techniques, car la bataille se joue ailleurs. Apple a en effet annoncé en juin 2024 que le DMA empêcherait (au moins temporairement) le déploiement d’Apple Intelligence en Europe. C’est forcément une déception, car ce qui est annoncé comme la plus grosse mise à jour d’iOS depuis longtemps va être privée de ses fonctions les plus attendues sur un marché aussi important que l’Europe.

De nombreuses questions existent au sujet des limitations d’Apple Intelligence en Europe. Est-ce qu’Apple n’a vraiment pas eu le temps d’adapter son service aux réglementations européennes avant sa sortie ? C’est une possibilité, mais il y a d’autres théories. Car il est tout à fait possible qu’Apple bloque volontairement l’usage de ses fonctions IA en Europe pour faire pression sur les autorités, et ainsi se venger de toutes les concessions faites ces derniers mois sur l’ouverture d’iOS. Plusieurs éléments présents au sein des versions bêta d’iOS indiquent que le blocage d’Apple Intelligence en Europe serait une volonté d’Apple, alors que d’autres solutions étaient possibles. Certes, Apple doit se conformer au RGPD, au DSA, au DMA et à l’AI Act (à partir de 2026) en Europe, mais cela ne justifie pas l’absence totale d’Apple Intelligence en Europe. Des ajustements auraient été suffisants.

Un meme ironisant sur le fait que ChatGPT va ponctionner les données des utilisateurs d'iPhone grâce à Apple Intelligence

Tandis que des petits malins ironisent sur le fait que ChatGPT va ponctionner les données des utilisateurs d’iPhone grâce à Apple Intelligence (le meme ci-dessus a été partagé par Elon Musk sur X), de nombreuses questions restent ouvertes sur le bras de fer qui se joue entre l’Europe, Apple, et les opposants d’Apple. Seul l’avenir dira qui sortira gagnant de ce combat légal, mais pendant ce temps-là, les utilisateurs se retrouvent au milieu de la bataille, parfois pour le meilleur (les App Stores alternatifs), parfois pour le pire (le retard d’Apple Intelligence en Europe). Ce qui est une bonne occasion de se rappeler que tout business reste dépendant des réglementations locales. Et il peut être vital de se faire accompagner par une structure comme Quai Alpha pour éviter toute surprise dans ce domaine.

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