La startup Uplevel basée à Seattle a expérimenté la semaine de travail de 4 jours en janvier et a constaté des résultats surprenants : augmentation de la production, de la clientèle et de la satisfaction des employés. Ces résultats s'accordent avec une étude mondiale qui démontre les avantages de la semaine de 4 jours pour la santé mentale et physique des employés ainsi qu'une augmentation des revenus des entreprises de 38%.
Lorsque la startup de Seattle Uplevel a adopté la semaine de quatre jours en janvier, elle a parié sur le fait que les employés feraient la même chose en moins de temps.
"Nous voulions voir comment la diminution des jours de travail pousserait les gens à être plus efficaces", a déclaré Jori Maurer, vice-présidente du marketing et des ressources humaines chez Uplevel.
L’expérience a dépassé les attentes : au cours d’une période d’essai de trois mois, l’entreprise a enregistré un volume de livraison de produits plus important et a embarqué plus de clients que jamais, selon un rapport interne. Pas un seul employé n’a exprimé le désir de revenir à la semaine de cinq jours. La politique de la semaine de quatre jours est toujours en vigueur dans l’entreprise.
Les résultats d’Uplevel qui, comme il se doit, vise à aider les organisations à atteindre leurs objectifs sans épuiser les ingénieurs, sont conformes aux conclusions d’une étude mondiale publiée le mois dernier, celle-ci interrogeant plus de 900 employés de 33 entreprises ayant participé à un programme pilote coordonné par l’organisation à but non lucratif 4 Day Week Global.
Cette étude a révélé qu’une semaine plus courte faisait des merveilles pour la santé mentale et physique des personnes, sans inconvénient notable pour les employeurs. En effet, les revenus des entreprises participantes ont augmenté de 38 % en moyenne par rapport à la même période de l’année précédente. Ces résultats viennent s’ajouter à un nombre croissant d’études de cas démontrant les avantages de la semaine réduite.
En France l’entreprise LDLC, se distingue en étant les précurseurs de l’instauration de la semaine de 4 jours au sein de l’entreprise.
Vers un gain de productivité
Dan Giuliani, PDG de la startup d’applications de Fitness Volt, a déclaré que lorsqu’elle est passée à la semaine de quatre jours en juillet 2020, les dirigeants ont dû élaguer impitoyablement leurs réunions.
"Nous avons retiré toutes les réunions récurrentes du calendrier et n'avons réinscrit que celles qui nous semblaient nécessaires", a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.
Environ un tiers de ces réunions n’ont jamais été réinscrites au calendrier, et les dirigeants ont fait preuve de plus de discernement pour décider qui devait participer aux réunions restantes. Pendant ce temps, l’entreprise a recueilli des informations dans des enquêtes auprès des employés sur la façon dont ils considéraient leur propre productivité.
Ce qu’ils ont constaté de manière très cohérente, c’est que la productivité à tous les niveaux était à peu près la même voire un peu meilleure ; a déclaré Maurer Giuliani, ajoutant que le bien-être, le bonheur et la satisfaction des employés s’en trouvaient considérablement améliorés.
Un recrutement qui suit les performances créatives
En matière de recrutement et de fidélisation, la semaine de quatre jours peut aider les petites entreprises à rester compétitives.
"Nous devons être compétitifs par rapport aux grands acteurs", a déclaré M. Giuliani. "Cela nous aide à attirer les personnes qui recherchent une combinaison de facteurs incluant le style de vie et l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée."
Une autre étude a démontré que les demandes d’emploi entrantes ont augmenté de façon exponentielle après la mise en œuvre d’une semaine plus courte.
Selon l’enquête mondiale de 4 Day Week Global, 70 % des personnes interrogées ont déclaré que leur prochain emploi devrait offrir un salaire de 10 à 50 % supérieur pour qu’elles reviennent à un horaire de cinq jours, et plus de 10 % ont déclaré qu’aucune somme d’argent ne pourrait les faire revenir. Un autre rapport publié en février par Qualtrics, qui a interrogé plus de 1 000 personnes, a révélé que la grande majorité des employés américains (94 %) soutiendraient leur employeur s’il adoptait la semaine de quatre jours.
Les défis du service client
Lorsqu’il s’agit de supprimer une journée de travail, l’une des préoccupations les plus fréquemment citées est le maintien d’un service clientèle de qualité. Dans l’enquête Qualtrics, plus de la moitié des employés (55 %) estiment que la fermeture des activités pendant une journée risque de frustrer les clients.
Giuliani a reconnu qu’il s’agissait d’un défi. Il a déclaré que l’équipe du service clientèle de Volt répondait aux demandes tout au long du week-end mais qu’elle ne recevait pas un volume énorme de demandes. La politique est d’essayer de répondre aux clients dans un délai de 24 à 48 heures, et ce sont les employés qui décident du moment exact où ils leur répondent.
Chez Uplevel, quelques employés de différents départements sont désignés pour être « de garde » tous les vendredis. En outre, depuis que le projet pilote a été emballé, l’entreprise a réaffirmé que si une situation jugée « critique pour l’entreprise » se présente, elle s’attend à ce que les employés soient disponibles le vendredi, qu’ils soient ou non « de garde ».
S'agit-il vraiment d'un jour de repos ?
« Fermer le bureau » (même si ce n’est qu’une métaphore) n’est pas une solution toute faite lorsque les travailleurs ont accès à leurs appareils 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et qu’ils peuvent se sentir sous pression pour atteindre leurs objectifs.
Maurer a déclaré que de nombreux employés ont choisi de travailler le vendredi, certains disant qu’ils appréciaient la possibilité de faire plus de « travail en profondeur » sans interruption. Giuliani a déclaré que les employés de Volt choisissent souvent de travailler pendant leur « jour de congé », ce qu’il ne considère pas comme une mauvaise chose.
Cette politique a été renomée « Flex Fridays » avec l’idée que les employés peuvent faire ce qu’ils veulent de ce jour-là. Beaucoup de gens finissent par faire un peu de travail, mais ils le font sur leur temps libre, sans ressentir le stress et la contrainte d’être en ligne et réactif.
Mikaela Kiner, fondatrice et PDG du cabinet de conseil en RH Reverb, basé à Seattle, adopte une approche légèrement différente avec son équipe d’environ 75 employés et consultants. Plutôt que d’adopter une politique officielle de quatre jours, contre laquelle son personnel a voté, elle a instauré une règle « pas de réunion le vendredi » et une compréhension générale du fait qu’il s’agit d’une journée flexible. La réaction de son équipe est que la flexibilité est plus importante que le respect strict du nombre de jours.
L’étude sur la semaine de quatre jours comporte un bémol : elle est axée sur les petites entreprises. Les chercheurs de 4 Day Week Global sont en pourparlers avec de plus grandes entreprises pour déployer davantage de projets pilotes en 2023. Microsoft a expérimenté la semaine de 4 jours au Japon et a constaté une augmentation de la productivité.
