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Thomas Huriez prêt à en découdre avec la mondialisation

La production textile s'est depuis plusieurs années délocalisée dans d'autres parties du monde. Des personnes comme Thomas Huriez veulent réindustrialiser ce secteur en France et redorer l'image du "Made in France".

Son nom a fait couler beaucoup d’encre. Au point de se questionner sur l’utilité d’un énième portrait de lui. Thomas Huriez, le dirigeant des entreprises 1083 et Tissage de France, passe rarement une journée sans recevoir le coup de fil d’un journaliste. Voire deux. Ou trois. Le « Made in France » est à la mode, lui aussi. Mais dans les nombreuses lignes qui défilent ensuite sur les écrans retraçant son parcours, l’entrepreneur se mélange sans distinction avec ses entreprises. Son histoire c’est la leur, et vice versa. Il l’a voulu comme ça.

Pourtant derrière l’icône (toujours en jeans avec un pull rouge fabriqués en France), il y a l’homme. Discret, sincère et investi. Toujours souriant et ouvert à la discussion, il ne se livre que rarement car sa propre personne l’intéresse peu et il passe le plus clair de son temps à gérer ses deux entreprises. Il aime les projets plus que les activités sans but précis, même s’il lui arrive de s’échapper le temps d’un week-end pour faire du wingsurf ou bricoler.

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Par la force des choses, les histoires se sont ainsi croisées pour ne faire plus qu’un avec lui. Quand il fait visiter l’usine de Tissage de France à Rupt-sur-Moselle (Vosges), il a toujours un mot pour les ouvriers œuvrant à la reconstruction d’un modèle sévèrement ébréché par la fuite de la production textile vers l’Asie. Rien que dans les Vosges, on comptait 30 000 emplois dans les vallées du textile en 1970, contre seulement 3 000 désormais. Mais grâce à des initiatives comme Tissage de France, le solde d’emplois nets repart à la hausse ces dernières années.

Thomas Huriez fait partie de ces soldats un peu fous défendant une cause que beaucoup croyaient perdue : réindustrialiser des pans de notre économie. Le mot de « soldat » est sans doute dévoyé mais aucun doute ne subsiste pour affirmer qu’il livre une bataille acharnée. Loin des simples commentateurs et des « y qu’à faut qu’on », lui agit. Depuis treize ans.

En 2018, le petit commerçant de Romans-sur-Isère et fabricant de jeans est entré dans une nouvelle arène. Son fournisseur de matière première, Valrupt Industries, a été placé en redressement judiciaire et Thomas Huriez a pris sur ses épaules la responsabilité de faire une offre de reprise, à la fois pour sauver sa production mais en prenant également le risque financier de s’atteler à un chantier trop grand pour lui. Si l’entrepreneuriat ne devait être rapporté qu’à la définition de prise de risque, cet exemple en serait sans doute la parfaite illustration. Derrière l’entreprise, on retrouve encore une fois l’homme, qui ne s’avoue que difficilement vaincu. D’un tempérament incroyablement constant, il lui arrive de connaître la défaite mais jamais le défaitisme.

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Il n’avait pu reprendre que 34 postes dans l’atelier de filature et de tissage textile des Vosges après une longue bataille en 2018 mais à partir de mi-janvier l’usine compte désormais 55 salariés (et une centaine avec la marque 1083). Tissage de France est loin d’être sauvé car les aléas économiques, dont la pandémie de 2020 à aujourd’hui, viennent régulièrement faire tanguer l’embarcation. Mais les investisseurs y croient et assurent la reconstruction. Et pour cause.

Des deux entreprises de Thomas Huriez, les jeans 1083 ont déjà fait leurs preuves et continuent leur épopée. Avec bon sens et logique, le romanais a tenté de comprendre comment inventer un nouveau modèle économique pour rapatrier une partie de la production en France. Cela coûte-t-il vraiment plus cher ? Si certains dépensent 110€ pour un jeans Levis fabriqué en Asie, ne serait-il pas possible d’exiger la même somme pour un vêtement fabriqué en France ? Est-ce possible de le fabriquer dans l’Hexagone à ce prix-là ?

A toutes ces questions, 1083 (la distance maximum qui sépare les villes les plus éloignées de France) a répondu oui et tente chaque jour de gagner son pari. Et elle peut compter sur toute l’équipe qui, à l’image de son fondateur, a toujours le doigt sur la couture.